La capitaine de l’équipe belge de Fed Cup nous livre ses impressions sur les derniers résultats de Kirsten, An-Sophie et Yanina.
Comment analysez-vous les résultats incroyables de Kirsten ?
Ann Devries : c’est formidable. Vraiment formidable mais je ne suis pas vraiment surprise, j’ai toujours su que Kirsten avait le potentiel pour réussir de telles performances.
Mais pourquoi parvient-elle maintenant à les enchaîner ?
Quasi tout au long de sa carrière, Kirsten a été régulièrement blessée et ne parvenait pas à jouer plus de 4 ou 5 semaines de suite, au maximum. Ici, depuis sa dernière blessure, elle n’a plus de problèmes physiques ; Tout s’enchaîne alors : comme elle joue plus, elle joue mieux. Comme elle joue mieux, elle gagne des matches qu’elle ne gagnait pas avant et comme elle gagne ces matches, elle a de plus en plus confiance en elle. C’est une spirale positive, en sorte.
Mais son jeu s’est aussi amélioré, aussi, non ? Surtout du fond où elle semble plus patiente ?
Fatalement, comme elle gagne des gros matches, en devant parfois rester derrière, elle prend confiance, même du fond de terrain. Ce qui lui permet d’attendre un peu plus longtemps derrière avant d’aller chercher les points au filet. Elle a un jeu très gênant pour la plupart des joueuses actuelles.
Mais avant, elle flanchait souvent au moment de conclure, non ?
Oui, mais ici, pour les raisons que j’ai dites, elle ne craque plus en fin de match car elle est en confiance. Et, donc, sur les balles importantes, elle n’a plus peur, ou moins peur.
Si le fait de jouer davantage est évidemment un plus indéniable, comment expliquer autrement cette amélioration mentale ?
Depuis son retour, Kirsten voyage seule ou avec sa maman. Elle a pris plus d’indépendance et prend ses responsabilités. Je pense que cela a beaucoup joué.
La présence de Kim Clijsters à ses côtés sera une bonne chose ?
Oui, évidemment. Kim a tellement d’expérience qu’elle va fatalement lui donner des conseils, surtout au niveau du mental, dans les grands tournois. Elle va sans aucun doute insister sur l’importance d’être relax, de se relâcher dès qu’on le peut. Oui, avoir Kim comme coach, même partielle, est une bonne chose.
Kirsten était beaucoup plus nerveuse, avant ?
Disons qu’elle était nettement moins sûre d’elle-même que maintenant. Mais vous savez, elle était 59ème mondiale il y a eux ans et elle a ensuite été blessée. Encore une fois, ce n’est pas vraiment une surprise de la retrouver à ce niveau.
Jusqu’où peut-elle aller ?
Si elle va en demi à Luxembourg, elle sera Top 50. Mais on peut l’imaginer dans le Top 30.
On passe à An-Sophie Mestach qui engrange elle aussi de bons résultats. C’est un peu le même principe que pour Kirsten, non ?
Oui, An-Sophie a été absente des courts pendant 14 mois suite à une blessure au poignet qui a nécessité deux opérations. Depuis son retour, elle ne se blesse plus et n’a plus mal. Donc, comme Kirsten, elle enchaîne les matches, reprend confiance et, donc, elle gagne de plus en plus.
Quels sont ses points forts ?
Elle est très agressive du fond et met une grosse pression avec son coup droit. Elle joue son revers à deux mains et vient volontiers au filet. Elle dispose d’un très bon slice, également. Je dirais que c’est une joueuse all round, bonne partout. Cela dit, elle doit encore faire de nombreux progrès mais elle n’a que dix-huit ans, elle a donc le temps.
Elle a un gros potentiel, non ?
Oui, son premier objectif est évidemment le Top 100.
Mais on peut raisonnablement penser qu’elle sera un jour Top 50 ?
Oui, on peut l’imaginer mais je répète qu’il faut lui laisser le temps. Mais, oui, elle a le potentiel. Certainement.
Et on termine avec Yanina Wickmayer. Vous la connaissez très bien. Que se passe-t-il ?
Jusqu’aux JO, cela n’allait pas si mal. Après les JO, elle est partie sur le circuit américain où elle a perdu d’entrée face à Vinci après avoir eu plusieurs balles de match. Ensuite, elle n’a plus jamais été sûre d’elle et a enchainé les défaites. C’est la spirale à l’envers de celle de Kirsten. Elle me disait après chaque défaite qu’elle ne jouait pas mal du tout mais que, sur les points importants, elle avait peur et n’osait plus y aller. Elle a donc perdu confiance. Ajoutez à cela quelques petites blessures et vous aurez compris ce qui se passe.
Elle a déclaré forfait à Luxembourg où elle devait jouer contre Kirsten. Elle est blessée ?
Oui, elle a un problème au genou et ne peut pas aller sur le terrain pendant deux semaines, sa saison est donc terminée.
Vous êtes inquiète pour son avenir ?
Non, pas du tout. Elle est 23ème mondiale et est encore jeune (22 ans).
On dit qu’elle s’entraîne moins dur depuis qu’elle a rencontré l’âme sœur ?
Non, ce n’est pas vrai, elle s’entraîne toujours aussi dur mais comme sa vie privée a été modifiée, le tennis n’est plus son seul centre d’intérêt, ce qui est bien logique à son âge. Donc, depuis quelques mois, il est vrai qu’elle cherche un équilibre entre cette vie et son tennis. Il faudra encore un peu de temps mais elle va trouver cet équilibre, j’en suis persuadée.
Elle n’a toujours pas de coach ?
Non, moi, je la coache de temps en temps mais vu mes fonctions à la VTV, je ne peux pas l’accompagner tout le temps.
Elle a besoin d’un coach ?
Oui, je pense qu’elle est encore trop jeune pour voyager seule. La décision n’est pas encore prise mais je suis confiante d’autant qu’elle va pouvoir maintenant s’entraîner correctement pendant quasi deux mois avant d’aller en Australie.